7 mars 2007

Engeance tannée… Ode (masquée) au Picon-Bière… Par Charles Letellier

Véhémence est plantée devant le bar. Elle est Hallucinée. Elle se tient sur ressort. Elle est prête à bondir. Elle pourrait se détendre. Il y a la Coupe devant elle, pleine, dégoulinante de l’intérieur, contenant réduit de flux bourrus et spasmodiques. Seule la Coupe ressort, seule elle a le don de la mouvance, du pétillement tellurien qu’elle promet et dont elle honore ceux qui osent s’y tremper. Véhémence n’est point. Elle n’incarne pas ses propres gestes. Elle semble s’être dispensée des exigences brunes dont elle se veut le réceptacle. Les faire entrer en elle pour parvenir à déjouer les mécanismes incertains promptes à détourner les jours. Oui, c’est cela. Elle ne quitte pas des yeux la Coupe de l’anti-Graal qui explose silencieusement devant elle. Pas d’années-lumière, s’il vous plaît ! Des secondes incandescentes ! C’est ce que se dit Véhémence, en manque d’hallucinance gutturale. Elle ne s’y résout pas, veut retarder l’humectation révélatrice en faveur d’une sécheresse muette. Elle ne sait pourquoi. Une partie d’elle complote contre l’autre. Il lui faudrait pourtant faire le pas, prendre une autre forme, se couler dans mille flacons, verser dans le scabreux, se répandre en hérésie et faire des geysers de ses blasphèmes. Elle voudrait glisser parfaitement, ne plus rien dire, être silencieuse, se taire sur son affaire et exécuter sans bruit le travail de la défiance. Tronquer les délices flambés de la Véhémence Hallucinée pour les lourdes fadeurs d’une danse pesante. Peut-être le faudrait-il mais son sang l’en empêche, quelque chose grince, le chaos des choses sûrement, ou bien... la terreur du reliquat.
De nouveau, elle se mire dans la Coupe intacte. Elle s’y voit tordue, insupportable, brillante, cruelle… Monstrueuse. Et dans l’orbe tannée de celle-ci y découvre l’avenir-cristal de ce qui l’attend : les coups, le verre se sachant incapable de rebondir et qui, pourtant, tentera l’expérience tout à l’heure, le sang rouge des dommages collatéraux. Elle espère un moment, se prédisant la brise en contre-point de la tempête, la flemme bâtarde et non la démesure grandissante, la douceur d’un papier corolle et non l’exubérance d’une page en feu. Elle se trouve à la charnière. Elle, Véhémence-à-moitié, est gond rouillé.....

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