7 mars 2007

Sur le fil du rasoir…par Charles Letellier

Tout n’est pas parti d’une urgence.
Mille choses se sont créées dans le chaos prolongé des millénaires avides de lenteurs. Particules après particules, l’infiniment petit s’est peu à peu projeté vers le grand, incalculable et follement dépensier en matière de temps. Inéluctable… Quel beau mot ! Il n’y a pas vraiment d’urgence, là-dedans… Ca serait plutôt le contraire… Inéluctable, comme l’explosion de l’univers et la perte des dents. Comme l’apogée du déclin en secousses merdeuses. On s’amuse comme on peut dans l’inéluctable. Après tout, il en faut de la patience si on s’attaque à l’urgence… Et c’est vrai qu’il faut aussi pas mal d’urgence pour se décider à causer avec la patience…

Tout est un peu là.
Sur ce dérisoire fil du rasoir, lieu de rencontre forcené des plaques continentales et océaniques, mobilité tellurique à la dérive, il y a comme un moment de silence qui se fait. Dans l’œil de l’urgence, le temps s’est arrêté. Plus de vitesse, de pression, de stress. Tout s’est dissout. De terribles forces laissent la place à un flottement qui se suffit à lui-même. Oui, ce flottement… L’urgence est alors un mélange de patience et d’inexorabilité.

J’aime cette urgence de la Terre. Plus que tout. Le long labeur du fond de la vie, ses « atomes avides qui travaillent des déserts… ». Notre époque, passée maîtresse en l’art d’évider du Sens les mots, confond beaucoup trop « urgence » et « vitesse ». La première n’a...

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