8 avril 2007

Contre le bonheur.

J'ai l'impression d'être enchaîné comme un lézard équeuté au soleil moribond et flasque du bonheur. L'aventure de la vie s'arrête là où commence le règne maudit du bonheur. L'aventure de la vie ne se consumme plus dans l'âtre tiède où s'excerce la quotidienneté. Le bonheur est la sécheresse de l'artiste, sa famine abdominale, son impuissance à bander les cordes de l'existence pour en faire les flèches de la création. Où sont les folles musiques d'autrefois où les verres cassés faisaient l'aubaine de mon sommier; où sont les guirlandes de rouge qui ,dans les rues, célébraient chaque jour ma nouvelle année?
Où sont les cons visqueux, superbes, imberbes, les sourires de pleine lune, les départs pour la vigne, les routes de l'infortune magnifique?
Où est la folie des mots?
J'ai l'impression d'être à ce point dedans que je ne parviens plus à la distinguer. Retrouver tout ça? Non! De l'avant! D'autre chaîne encore sont à rompre. Le sous-marin sera mon navire de grand large dans l'océan de tranquillité, dans la faillite des sens, dans le mensonge du bonheur. Je hais le bonheur, il suce mon sang bouillant pour en faire la piètre soupe d'un dîner affable.
Il gargarise l'instinct grégaire combattu depuis des années pour lui redonner un brillant qu'il n'aurait jamais dû retrouver.
Il sermonne la déviance de la pensée en exaltant la tendresse domestique.
Il fustige la démesure des actes en rendant minime la moindre allusion à la beauté invisible des choses, contenue dans tout.
Il saborde enfin l'éruption de la méchanceté pour y délester ses lourd fardeaux de gentillesse joyeuse.
En ce qui me concerne, c'est le bien qui me corrompt et non l'inverse.
Ce sont ces affreuses manifestations de la mièvrerie parvenant sournoisement à évincer jusqu'à toute trace de rêverie. Cela se manifeste aussi dans l'honneur que l'on met - La morale! - à tenir un engagement, à ne pas plier, à être vrai. Il y a bien des moments où, cette sincérité de l'être, j'aimerai la clouer sur le poteau superbe de la rage Suprême, de la rage Ultime, en guise de cadeau, de sacrifice, au Côté Noir de l'âme, celui que je connais le moins, par rapport à la propagande outrancière faite depuis toujours à l' "élévation morale". Fi! de l'élévation morale, je veux me rouler dans la boue de ce que j'ai en moi de plus sombre, de plus dur, de plus cruel, de plus inadmissiblement bas, animal, en contrepoint à ce qu'il y a de plus haut, jusqu'à écoeurement total.
Le Mal reste cette terre inconnue dont aucun de ses héraults n'a d'écho aujourd'hui, fourmillante d'un trésaillement furieux, jamais exploré parfaitement. Où donc est l'Abbé Pierre de Lucifer? L'Abbé Silex? L'Abbé Liqueux? L'Abbé Stiaire? Et pourquoi pas : L'Abbête? La bête, le Monstre, non pas du Diable - finalement trop proche de Dieu - mais d'autre chose, d'outre-chose. Un Gille de Rais de la Morale aussi éclairé qu'un César et avec la même amplitude qu'un Napoléon de la pensée?
Il n'y a que ceux qui sont allés suffisamment loin dans l'une ou l'autre de ces directions qui sont capables d'exploser les barrières de nuances dont se sont parés le "bon" et le "mauvais" esprit.

Comment aimer sans haïr?
Comment haïr sans aimer?

Dualité oiseuse...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Le bonheur c'est du coton et 22 % de réduction...

Zub

Anonyme a dit…

Faut arrêter avec les mortifications, la souffrance. ça fait bien de lutter contre le bonheur c'est à la mode. on frime en montrant sa névrose.coool!

Nico

Anonyme a dit…

ps - tu ferai mieux d'apprendre à écrire...

N